Le temps

Ahah (rires), alors...c'est ça la liberté, les nuits parisiennes. C'est tourbillonner dans la folie des rencontres de tous les hasards. Ne plus être dans la contemplation, dans la compréhension, dans l'attente. L'instant, pour le présent seulement, avec à l'esprit quelques souvenirs d'une nuit jusqu'à ce qu'ils s'évaporent. Et puis se retrouver dans d'autres yeux, encore, et ne plus partager autre chose qu'un ébat, parfois même sans paroles. Connaître le corps sans les pensées, profiter de la chaleur sans questions, jouir les yeux fermés en se sachant être l'inconnue d'un inconnu et partager le sommeil, jusqu'à oublier aux côtés de qui le corps se serre. Les caresses, ou la distance, dans le sommeil on se repose de l'étreinte. Etre libre de l'amour, c'est ne plus être amoureux. C'était si simple. Etre amoureux de la vie, simplement, de ce qui se devine, de ce qui se dessine, de ce qui s'improvise. Hurler, rire, et fuir le matin, tout est sans lendemain de toute manière.

Et la nuit qui ne finit pas de s'achever, jamais, même l'aurore ne l'arrête pas.

Alors, pourquoi ce matin, mal réveillée, en lisant Roméo et Juliette mon coeur s'emballe devant mon élève?

Mes poumons me serrent, alors aimer le présent ne me suffit pas, je suis amoureuse des histoires d'amour dans les livres.. dans la musique et dans les films aussi. Même des histoires d'amour des autres. L'imaginaire du beau. L'amour me fait pleurer. Mais l'amour peut-être que je n'y crois pas, ce sont des histoires, qu'on me raconte, que je regarde, que j'interroge.

L'amour ne peut pas être. Une nuit entière dans les bras de celui qui n'était jamais certain de m'aimer à pleurer l'insoutenable légereté de l'etre. Parce que les histoires d'amour me font pleurer, mais surtout parce que je savais que je n'étais pas en train de la vivre cette histoire. Sentir et vivre l'amour, celui qui est écrit, celui qui est déjà inscrit du début à la fin et qui donne à être vu, revu et rêvé. Mourir de l'amour ou rien plutôt que de vivre à deux sans s'étouffer, sans en creuver.

Et ces nouveaux grains de beauté qui apparaissent sur ma peau brune. Mes étoiles. Et les possibilités de toujours être soi, des millions de fois. Le temps dont on m'a si souvent parlé, qu'il faut regarder, attendre, le temps est là à nouveau, au creux de mon présent et il semble rejoindre mon insoucience presque. Nous marchons ensemble, alors que depuis longtemps le temps était vide. J'ai retrouvée le présent, le temps. Je ne suis plus dans l'abstrait de mes souvenirs, de mon non futur. Je me suis retrouvée dans le temps, il sera mon amant de tout moment,que j'étreins absolument.