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S h a a m o o n
26 juin 2013

Nora

Elle ne dort toujours pas, Et je ne dors toujours pas. Je reviens d'un autre pays qui a volé mon sommeil, le soleil y calmait mes angoisses. Je ne trouve pas ce demi-coma, celui où mes rêves me brulent.

J’ai la nausée du sommeil, mon corps se brise la journée. Et je suis épuisée de recommencer à t'aimer à chaque fois que je parviens à te chasser de mes pensées. On se retrouvera n'est-ce pas?

Les anciennes vies s'entremêlent les unes aux autres, les âmes aussi, et le passé avec le présent semble se confondre à la réalité.

Tout semble tellement changer chaque jour, que finalement rien ne se passe. la fatigue me donne vie.

Les gens, les choses, tout a changé. Mes yeux sont moins grands, moins ouverts, ils sont tournés vers l'intérieur, ils n'arrivent pas à percevoir demain, ils n’observent que le passé, et des fois le maintenant. Tout se retourne, je n'arrive pas à m'ouvrir vers le monde, j'ai trop absorbé du monde toujours, et pour la première fois il me semble indolore. Si bien sur quelques lumières, quelques couleurs, mais l'Inde m'a anesthésiée, On m'y a trop regardée, ou j'ai trop voulu comprendre le passé, mon histoire, mon sang, mes anciennes vies.

Mon passé resurgit. Je suis à la recherche de présent et repose ma tête sur des épaules inconnues. Pourtant le matin, me glissant au dehors, je la vois, celle que je n'ai pas vue depuis dix ans. Cette amie qui a hanté ma culpabilité. Celle que j'ai vu se détruire malgré ma tendresse et mes mots de jeunes adultes, celle de la rue qui me protégeait malgré mon passé de princesse, celle qui tremblait de substances pendant que je m'inventais une histoire.

Elle a le même regard, je ne sais pas ce qu’elle pense, mais j’ai envie de la prendre dans mes bras. Je la sens encore souffrir parfois. Ses yeux perçants qui me regardent de tant de manière, plein d’amertume, de reproches, mais aussi remplis d’espoir. Ou bien juste lavés de la vie, lavés dans les poudres injectées dans les veines.

Elle me dit avoir eu 25 ans hier. C’est vrai qu’avant je pensais à elle à cette date précise, mais plus depuis quelques années. Oui elle a eu 25 ans de vieillesse. Des gens autour d’elle -avec elle je comprends après. Tout le monde semble amorphe de devoir arrêter de se droguer, cherchant des bus pour un joint ou deux, puisque un joint ou deux, ce n’est rien. Elle me parle de champagne, de sa dernière bouteille la veille, maintenant c’est fini. Elle doit tout arrêter depuis tellement, si longtemps.

Je m’enfous du champagne.

Quand est ce qu’elle voit clair Nora. Et moi de mon non sommeil de ces dernières nuits, de mes cheveux ébouriffés, de ma joue éraflée. Moi je ne sais pas quoi dire à Nora. Je ne sais plus quoi lui dire, j’ai envie de la fuir, elle me renvoit à trop de passé, trop de mélanges de tous mes mois, et de qui je peux bien être aujourd'hui. Elle fait écho à l’insignifiance de mes doutes et de mes douleurs.

Alors je profite pour m’enfuir, je crois qu’elle aurait voulu pourtant continuer à ce qu’on ne se dise rien, mais moi je ne peux pas parler du rien avec elle. Prendre un café sans un sou et lui raconter ma vie d’ailleurs pendant qu’elle est ailleurs de sa tête. Et puis ne pas parler du passé, ni du présent, ni du futur.

Je fuis, et remonte la rue, à deux pas il y a R. -l’opposé de Nora. Celui au contraire qui peut me plaindre. Et je rentre manger à ma faim, sans mes dépendances, oublier mes malheurs dans le trop plein. Ecouter les ruptures, les avortements, les efforts pour chercher le bonheur, à travers soi ou l’autre.

Et je pense encore à toi, parce que même si tu n’es plus celui qui le fera je voudrais encore que tu me fasses danser, le temps d’oublier qu’il faut trouver une autre histoire d’amour sur laquelle pleurer.

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