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S h a a m o o n
4 juin 2011

Déambulations

Parmi la foule je perds mes amies, ou bien je me laisse aller à l’inconnu. Je déambule dans la musique les yeux fermés. Je me cherche d’une salle à l’autre, dans les couloirs, dans la lumière, dans la fumée. Et je me réveille dans un brouhaha sombre. La chaleur africaine. Dans le son je distingue des échos de bois et de métal, le tout habillé d’une voix du Ghana. Une jolie voix qui semble parler un autre anglais. Les formes s'agitent, les ombres mouillent le sol. Je crois que je danse. Mon corps se déphase avec la foule. Je ne sais plus où je suis, il fait trop chaud. De plus en plus moite, je me crois au soleil. Je dégouline dans la musique et je finis par ne plus sentir que la chaleur m’oppresse. Les gens gesticulant autour de moi sont devenus le son, ils m’entourent. Je ferme les yeux encore un peu, le temps d’oublier l’équilibre.

La musique s'arrête. Une partie de ma vie aussi je crois. La réalité me revient brute. Toute seule je recherche mes amies. Je me fais bousculer dans des fils de non sens, on me renverse de la bière dans le dos. Je me retrouve dans une grande salle partiellement vide. Un Dj s'excite sur une platine, un casque à l'oreille. Des lumières jaillissent encore, comme des flashs. Je ne trouve aucune âme familière. Un instant si, ce jeune homme qui me sourit. Le musicien sur scène il y a quelques minutes. Je veux à présent retrouver mes amies. Il vient vers moi et me parle en anglais. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il aille une voix pareille. Je lui réponds vaguement et me défile.

Lorsque je retrouve mes amis, il est derrière moi. Il semble qu'il m'ait suivi. Je discute alors à l'aide de mon anglais égaré. Je m'attarde sur des banalités telles que sa musique. C'est vrai que pendant tout le concert je le regardais. Mais je ne savais pas qu'il pouvait me voir aussi. Il me chuchote dans l'oreille et je ne l'écoute pas, je l'observe. A vrai dire je n'ai pas envie de parler avec lui, je voudrais qu'il soit le musicien, moi le public, et que ça reste magique. Je parviens à le perdre à nouveau. Il finit par me retrouver plus tard, dans une autre salle et nous regardons d'autres musiciens. Je danse contre lui et je suis toute mal à l'aise de sentir un corps que je ne connais pas. Il me prend par la taille. Je danse, mais je n'arrive pas à arrêter le fil de mes pensées, la situation m'apparaît si absurde. J'essaye de savoir si j'ai envie de cet autre corps inconnu, je n'arrive pas à me fier à mes sens, tout est brouillé dans ces lumières, ces odeurs d'alcool et de sueurs, ce sol collant. Je ne réagis plus, et j'aimerais être ivre pour me laisser aller.

Quand j'y parviens enfin, je m'échappe au dehors. Je suis à Saint Ouen, au tout nord de Paris. Dans un bus vide, je ne sais plus très bien où je vais. Je regarde dans les rues les stands des puces qui se mettent en place. Elles attendent l’agitation qui viendra bien vite avec les premières lueurs de soleil. Le rire ivre de mes amis, ceux avec qui je suis venue, ceux rencontrés sur le chemin. Et dans ma tête se bousculent des envies d’Afrique lointaine.

***

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