Un Dimanche

Je m'ennuie.

Je m'ennuie!

On finit toujours par se réveiller, un matin, un midi, et à attendre, attendre que les heures du dimanche se succèdent. Quand donc passerais-je du temps auprès de toi?

Il y a quelque chose de profondément vide. A partir d'un certain moment, on n'a plus le temps de faire l'amour tendrement.

Alors, il ne suffit plus de trouver la bonne personne, non il faut l'attendre, l'espérer. Faire semblant, s'occuper. Et encore patienter.

Attendre patiemment la prochaine fois que tu murmuras doucement, en ouvrant grands les yeux "je ne t'aime pas".

Et pourtant, tu devais changer le monde avec moi. Oui. Parfaitement. On étais dans ta chambre sombre, tu composais le numéro de ta soeur. Je t'ai pris dans mes bras et je t'ai dit que tu allais changer le monde, que tu pouvais le faire toi, et que j'avais besoin de ton aide. Tu as ris, tu n'as peut-etre même pas compris.

Alors le monde continue, la vie avec, et je m'ennuie de n'avoir pas le droit d'être amoureuse de mon amour.

Je m'essaye à mes nouveaux projets, sans sens, vagues, j'assemble mes morceaux petit à petit.

Et je laisse mes pensées aller, bien que je ne devrais pas. Je les laisse m'emmener vers mes rêves, mes tristesses, mes souvenirs, mes vides. J'essaye de comprendre. Qui je suis, qui tu es, où vais-je, pourquoi...toutes ces questions éternelles qui deviennent absurdes à force de les ressasser.

Et puis, au bout du compte, même si je m'ennuie, je regarde le froid au dehors, par la fenêtre. Je le trouve si beau que je me sens toute heureuse d'etre simplement vivante. Et il parait que tout ça passe vite. Comme si on était toujours trop jeune et que tout d'un coup on était devenu trop vieux. Et je réalise que je m'en fous. Je m'en fous de profiter de quoi que se soit, de faire semblant d'être là où il faut. Je suis bien là à regarder le froid au dehors, et je suis toute vivante. Je le sais, je sens le bout de mes doigts, le bout de mon nez, partout c'est vivant.

Et je te sais tout près, vivant, à exister, à être là où il faut, à changer le monde.

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